Compagnie Ascorbic

Le poids inhérent aux relations affectives, et l’envie de se libérer des charges qui nous incombent, sans avoir la possibilité ni le courage de le faire totalement, parcourt le texte, dont le titre, Lest(e), m’a été inspiré par une image quasi enfantine : celle d’une montgolfière, dont les passagers jettent des sacs par-dessus bord, afin que celle-ci continue à s’élever.

C’est aussi l’image d’une balançoire à contrepoids, où le jeu d’équilibre et de déséquilibre entre les deux extrémités crée le mouvement, au risque de taper le sol, c’est cet échange de poids par à-coup, et pour lequel il faut nécessairement être deux, qui m’a inspiré toute l’écriture de la pièce.

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La place qu’y occupe la brebis est celle d’un troisième élément, modifiant ce jeu de balancier inconfortable. Catalytique et cathartique, l’intrus déplace l’affront et le place dans une triangulation ouverte sur l’extérieur. Hors scène, la brebis déborde à l’intérieur de la maison du père : elle se sent, elle s’entend, et l’espace qu’occupe Charlotte semble, à cause d’elle, gagner un peu plus de terrain. La brebis est ainsi à la fois charge, trace d’un passé qui retarde la décision de Charlotte de prendre un « nouveau départ », et facteur de décharge, présence capable de se faire réceptacle de toutes les agressivités verbales, sans qu’elles lui soient directement adressées. Ainsi, sur le motif de l’identification ou du rejet, de l’empathie ou du déni, père et fille se positionnent vis-à-vis de la brebis pour adresser à l’autre un message qu’ils ne parviennent pas à énoncer.

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Noémie Fargier, janvier 2023