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Le texte est publié

aux Éditions Koïné

L'ÉCRITURE

EN DOUBLE ÉLAN

Cette présence juste derrière moi est né d’un besoin quasi pulsionnel d’expulser ce qui m’agite, qui n’est pas la nécessité de dire mais le besoin de donner corps au magma intérieur, dans un flux libérateur et immédiat. Explorer la solitude,sa violence, ses mouvements contradictoires, écrire sous l’impulsion et dans l’embrasement, tel est le projet d’écriture de Cette présence, qui donne voix à une autre moi.

 

Une femme seule prend la parole comme on prend sa respiration, sans s’arrêter,pour se sentir vivre, chasser ce double qui l’observe, s’oublier, faire un avec l’espace et avec le temps. C’est le désir de fusion qui l’anime. Un souffle chaud. Un élan. Face au mur, face au gouffre, elle affirme son existence, et transfigure sa solitude, dans un appel puissant.

 

Partant d’une écriture monologique et solitaire, j’ai voulu explorer avec la comédienne Jana Klein la matière même du texte, son rythme,sa musicalité, et cet état d’être qui l’a fait jaillir. Travailler sur cette énergie particulière, où le moi se met hors de soi, et dépasser le support écrit, par des improvisations prolongeant ce “je”, et pénétrant plus loin dans ses béances, ses points d’interrogations.

 

L’écriture de Cette présence s’est donc prolongée au plateau, en dialogue avec la comédienne, alors même qu’un autre dialogue s’ouvrait, entre cette dernière et le percussionniste Yannick Monnot.Entré en jeu pendant la phase d’exploration,il est venu improviser avec le moyen d’expression qui lui est propre,posant dès lors une altérité.

 

Partant de l’expression amère d’une fusion impossible, la protagoniste de Cette présence juste derrière moi cherche, dans le dialogue avec cet autre, physiquement éloigné et parlant un langage différent, une écoute en forme de symbiose. Seules les vibrations de l’air : le rythme, le souffle et la chaleur,permettent de créer cette communion. Et cette communion s’étend au public,dans le temps extatique de la représentation.

Noémie Fargier, juillet 2014
 

Ça fait du bien de se vider

Ça fait du bien de se lâcher défoncer

Enfonce encore après on verra

Ça fait du bien de se vider

Maintenant tout de suite je tiens plus

Ça fait du bien de se vider

Lâche

Crache

D’un coup

Explose

D’un coup

Soulage-toi

Ça fait du bien de se vider déverser

Tout son corps

Ça fait du bien de se vider renverser

La tête à l’envers

Les jambes

Le ventre sans dessus

Secoue

Pas la tête attention

Sa tête molle

Pas formée

Tiens-toi droit

Regarde-moi

Maintenant

Dis-moi

Dans ta tête il y a quoi

Dans ton crâne dans ton âme

Et ton ventre

Je sais moi

Tu vas le dire toi-même

Ce qu’il y a en moi

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